Le code Konami, est un cheat code qui peut être utilisé dans de nombreux jeux vidéo développés par Konami, permettant d’accéder à un contenu additionnel. Ce code fut utilisé pour la première fois en 1986 dans Gradius pour la NES (Nintendo Entertainment System). Durant le jeu, le joueur doit presser la séquence suivante de boutons sur la manette de jeu :
↑ ↑ ↓ ↓ ← → ← → B A
Le code Konami est un des cheat codes les plus connus dans la communauté du jeu vidéo. Du fait de sa popularité, il est parfois utilisé par des internautes pour se moquer des personnes recherchant des cheat codes, ou comme clin d'oeil aux passionnés.
A l'image des équipes web de François Bayrou et François Hollande, vingt-cinq ans plus tard, certains programmeurs s'amusent à glisser un "Konami Code" sur leur site. Ce fut le cas récemment pour Facebook, Google Reader et Dailymotion par exemple.
Je vous propose d'effectuer cette petite manipulation:
Première étape : Aller
sur la page d'accueil du site de François Bayrou
Deuxième étape : Utiliser le code Konami (↑ ↑ ↓ ↓ ← → ← → B A )
Une fois la combinaison effectuée, le logo du Modem surgit sur fond noir, les connaisseurs de jeux vidéos auront reconnu le clin d'œil à la firme japonaise de jeux vidéo Capcom. Puis la voix de François Bayrou, en format MIDI résonne. Si on y prête l'oreille, On l'entend clairement lancer son slogan de campagne "Un pays uni, rien ne lui résiste", cela cherche à encore faire allusion à la période 8 bit des jeux vidéo.
Avec une musique inspirée de la série à succès Zelda, un François Bayrou pixelisé à la mode Final Fantasy apparaît, il expose de manière synthétique les principales thématiques de sa campagne en empruntant le vocabulaire de la littérature fantastique.
A la fin de cette courte vidéo, un texte blanc sur fond noir apparaît :
L'heure du combat final approche et le héros du béarn sait qu'il ne peut vaincre les sirènes des extrêmes seul. Il compte sur la sagesse de son peuple pour l'aider dans cette épreuve.
Derrière ce buzz se cachent, quatre développeurs qui travaillent pour la webcampagne de François Bayrou. Corentin, le rédacteur. Alexis, le développeur. Nicolas, le directeur artistique. Et Matthieu, le coordinateur de la webcampagne.
Corentin Benoit-Gonin est étudiant en communication politique à Paris XII. Il n'a pas sa carte au Modem mais travaille comme rédacteur sur le site de François Bayrou. C'est lui qui a eu l'idée de ce Konami Code.
"Notre génération est née et a grandi avec ces jeux vidéos. Nous nous sommes dit que ça pourrait être marrant, que ça pourrait faire parler de nous et que ça aurait un sens ludique et politique d'intégrer un Konami Code."
"Nous avons tout fait en interne. J'ai composé une musique inspirée de Zelda. On a fait relire le texte par le service communication, et c'était en ligne !
En ligne mais cachée dans le code. Diffusée sur internet le 23 mars, la vidéo a mis plus de deux semaines à être découverte. Dans un premier temps sur Twitter, par @Pipomantis, puis un premier article fut publié sur le site de Numérama.
Et ce phénomène ne se limite pas au MODEM de F. Bayrou. On retrouve exactement la même chose sur le site du Parti Socialiste.
Cette fois-ci, il faut se rendre sur la page du "
Dépot de bilan de Sarkozy".
En appuyant une nouvelle fois, sur la combinaison ↑ ↑ ↓ ↓ ← → ← → B A , un arc-en-ciel apparaît. Avec un compte à rebours des jours, heures, minutes et secondes avant le premier tour.
Les politiques n'ont tellement pas d'idées à défendre qu'ils se sentent obligés de se rabattre sur des phénomènes de "buzz" pour attirer l'attention d'éventuels électeurs.
En effet, en cette période de fin de campagne électorale, il est aisé de faire le bilan des thèmes qui ont été abordés. Entre la viande hallal, le permis de conduire et les insultes des partis envers les concurrents, ce ne sont pas les idées et les propositions politiques qui persuadent l'opinion publique : ce sont les émotions, le jeu des peurs et de l'enfumage. Une bonne partie des français s'est d'ailleurs désintéressée de cette campagne présidentielle. Prenons l'exemple de notre Président actuel, qui déclare que la France est sortie de la crise financière, et préfère parler d'insécurité, thème très en vogue avec les récents épisodes dramatiques qui se sont déroulés en France, juste avant l'élection (tuerie à Toulouse, tuerie dans l'Essonne), tout comme en 2007 les émeutes des quartiers populaires des banlieues parisiennes avaient fourni au ministre de l'Intérieur de l'époque, un thème de prédilection.
Il s'agit de manipuler les gens et de les persuader, non de les convaincre. C'est à dire de les faire suivre un mouvement, par l'impression générale, les a prioris, le ressenti, les émotions, plutôt que la réflexion et la lecture, souvent fastidieuse et peu instructive, des programmes des candidats. C'est à ça que servent les partis politiques et leurs diverses émanations, notament les mouvement de jeunes, qui organisent des évènements touchant la jeune population.
Dans notre monde actuel, Internet a un rôle prédominant dans l'information des jeunes générations. Les anciennes générations préférant, par facilité ou désintérêt, rester passif devant les flux d'informations de la télévision, plutôt que d'activement rechercher l'information sur Internet. C'est ainsi que l'on peut observer de véritables cyberguerres dans le monde politique, où comme dans le réel (IRL, In Real Life) les candidats se battent à coups d'éclats, de mauvais coups et de provocations pour attirer le buzz et l'intérêt, plutôt que de propager des idées construites.
Exemple : la réservation du nom de domaine "lechangementcestmaintenant" .fr, .eu, .net etc par le député UMP Eric Ciotti. "Le changement, c'est maintenant", étant le slogan, souvent raillé, de la campagne présidentielle de François Hollande, candidat du Parti Socialiste, le principal parti rival déclaré de l'UMP. Eric Ciotti donc, a fait faire un site internet sur ce domaine par ses jeunes de l'UMP, où l'on voit la reproduction de la Une du journal Libération, parodiée, avec un article satirique sur François Hollande, et plusieurs liens de partage vers les réseaux sociaux, notament Twitter, favori des politiques. «Libération» est devenu «L'hibernation», et le slogan «le changement, c'est maintenant», est devenu «le reniement, c'est maintenant». L'information s'est très rapidement répandue, les sympathisants UMP saluant avec ferveur ce magnifique coup de théatre, les sympathisants du PS dénonçant une manoeuvre scandaleuse et illégale, les non-sympathisants prêtant une oreille plus ou moins attentive à cet évènement.
Le pastiche moque l'initiative de François Hollande, lui faisant dire qu'il est «candidat à l'élection présidentielle pour redonner à la gauche l'espoir qu'elle a perdu après la débandade de DSK» et qu'il a un «projet à 255 milliards d'euros dangereux pour la France». L'internaute, quand il clique en bas de la page pour obtenir le «texte intégral de mon projet», se retrouve sur une page blanche barrée d'un simple «rien». L'UMP, qui se félicite de cette «facétie», se moque au passage de «l'inorganisation» du camp Hollande, «qui n'a même pas pensé à acheter le nom de domaine de son slogan».
En retour, Pierre Moscovici, directeur de campagne du PS, a affirmé : «Le slogan n'est pas déposé que par eux. C'est en tout cas notre marque.» Najat Vallaud-Belkacem, l'une des porte-parole de François Hollande, répliquait alors sur Twitter : «Echange nom de domaine defendrelebilandesarkozy.fr contre lechangementcestmaintenant.fr / Pas sérieux s'abstenir #laguerredesboutons». L'UMP a été parodiée à son tour, toujours sur Twitter : une internaute riposte à l'UMP en détournant à son tour le logo de «Libération» pour tacler le parti de la majorité présidentielle. «Ça fait vachement plaisir de voir que tu as ENFIN autre chose à foutre que de faire rimer l'immigration avec l'interpellation, l'exclusion et la stigmatisation», écrit Klaire.fr.
Ainsi, on voit une véritable campagne basée sur la "drague", on attire le chalant par des actions sans rapport avec la politique ni les idées, ni le programme. On montre qui est le plus fort sur le plan commercial et marketing, et l'on montre que l'on est proche des gens car capable de gueguerres de cour de récréation. On se harponne sur Twitter (récemment, le PDG de Total a répondu à un discours d'Eva Joly, très critique envers la multinationale du pétrole, par un "Ta gueule @Evajoly), on se provoque, et l'on masque l'essentiel, le fait que la France traverse la pire crise de son histoire depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Il faut donc faire preuve d'un marketing redoutable pour arriver à persuader les gens de voter pour soi, et non les convaincre, impossible sans mensonges éhontés ou perte de soutien des puissants. C'est ce que démontrent les "grands" partis (C'est à dire les partis à grands budgets et grands cercles d'amis). Ils arrivent à attirer des électeurs par une image qu'ils construisent d'eux, et non par le charisme de leurs candidats ou un programme sérieux, concret et appuyé sur du réel.
Entre l'emprise de la politique sur les réseaux sociaux :
600 000 "fans" de la page officielle de Nicolas Sarkozy sur Facebook
250 000 "fans" de la page "Contre Nicolas Sarkozy" sur Facebook
92 000 "fans" de la page officielle de François Hollande sur Facebook
(source : atlantico.fr)
Les détournements de sites web et "raids" sur les noms de domaines, les joutes verbo-textuelles sur Twitter et autres, les sites web de soutien, et l'engagement virtuel des gens (diffusion de liens sur les réseaux sociaux, participation sur les forums, commentaires sur les sites politiques et des médias), on s'aperçoit que la politique rentre petit-à-petit dans le monde numérique, et y établit sa campagne et sa propagande, voire un début d'hacktivisme. Avec les clins d'oeils aux Geeks, comme le code Konami, les partis politiques essaient aussi de s'apporter le soutien des Geeks, influents sur les réseaux sociaux et les blogs pour certains, et de s'apporter une image de "fraîcheur", de jeunesse, et de "not has-been".
L'avenir du marketing est sur Internet, nos hommes politiques commencent désormais à le comprendre et à s'en emparer. Vivement la prochaine campagne, ils ont 5 ans pour être du niveau des maîtres du genre, tels que Free, Blizzard, ou même Apple !